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« Toutes les photos sont exactes, aucune n’est la vérité ». J’aime à rappeler cette phrase de Richard Avedon ainsi que Don McCullin, déconcertant tant c’est une évidence lorsqu’il dit que «photographier ce n’est pas regarder, c’est ressentir. ».

Novembre 2014. Je pars seul, sans carte, sans guide. Dans mes poches un passeport et des rouleaux de TriX 400. Au bout du bras mon Leica M6 et son 35mm. Ainsi débarrassé de tout artifice, je me suis livré tout entier à cette cité. Je me suis volontairement perdu dans le labyrinthe.

Istanbul, Byzance, Constantinople ? Quel nom pour cette ville aux frontières de l’Europe ?

Sous le vernis du tourisme, le pavé des rues d’Istanbul se fissure. D’aucuns pourront dire alors qu’il s’agit ici d’un reportage, mais le modus operandi de ce voyage nous donne les clefs d’une interprétation toute autre.

Si Istanbul est à cheval entre deux rives, la série elle-même relève autant du cheminement intérieur que de l’itinéraire des pas solitaires dans une ville étrangère et multiple dont les contours ne se dessinent qu’à l’aune de la sensibilité du photographe.

A mesure que l’on déroule le film, d’un plan à l’autre, surgissent tour à tour tensions, peurs, femmes fuyantes ou résignées, précarité, contradictions. D’une avenue à une voie sans issue, je me retrouve face à une âpre réalité, me préparant à rencontrer le Minotaure à l’angle de la rue ou derrière la prochaine porte que je pousse.

La série s’intitule simplement ISTANBUL. Titre nécessaire en tant qu’il est l’évidence à laquelle se résout le photographe dans sa recherche du moi dans l’ailleurs ; logique en tant que la ville elle-même en est le punctum.

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