Au zénith, le soleil écrase les corps et les magnifie. Surplombant le temps ordinaire, l’heure y est grave et solennelle.
Ô éternels estivants, qui regardez les vagues en rêvant ; au cœur de la chaleur le temps se dilate. Vous attendez, vous pavanez, effrontément affranchis ; bienheureux.
Le temps de l’été et le soleil, cajoleur, caresse les corps - qui s’étirent, se libèrent et renouent enfin avec les plaisirs simples.

Le monde continue sa marche au loin - l’objectif saisit alors la vie, crue et intense. Enfants jouant dans l’eau, riantes éclaboussures, ces moments s’impriment en nous baignés de lumière, laissant en chacun une rémanence rétinienne et mémorielle.Sous le soleil des instants de fascination. Myriade de miroirs se déclinant cliquetants sur l’immensité bleue, et nous plissons les yeux délicieusement.
L’été – comme une douce inertie, contenant sa propre pulsation donnant la cadence, une cadence en vacance ; que soit donc accordé un temps de paix aux âmes gourmandes et paresseuses.
Quel répit que d’être en prise avec les éléments ; le vent qui soulève les sens, le goût de l’eau, du sel, de la terre ; le bruit du ressac, celui des bonheurs immédiats, les voix petites et grandes se mélangent bourdonnantes et s’annulent enfin en un silence assourdissant.
L’été – lieu dont émergent des joies premières, des joies anciennes, beaucoup plus anciennes que ce qui peut être désigné avec des mots, connues longtemps avant que nous soyons nés ; alors la photographie vient comme un possible, comme révélateur.
Captation des passions temporaires, des complicités enjouées, des déceptions violentes et des solitudes mêlées.
Sur le cliché, l’on peut voir, amusé, le vacancier qui s’alanguit, s’engourdit, s'ennuie, s'enivre ; et cependant le soleil poursuit sa course nostalgique – pour s’engouffrer soudain à l'horizon.          A.C.